Un spectateur de notre vidéo sur l’entomoculture au Japon nous a posé une question en privé. Nous l’avons trouvée intéressante et lui avons poliment demandé l’autorisation de faire de sa question et de notre réponse un article que voici :
Une question qui me taraudait cependant durant cet épisode : ils disent que les Milléniaux ne s’intéressent pas à cette culture de l’insecte, et que ce n’est pas une question économique. Ce n’est pas précisé, mais est-ce qu’une réponse concrète se dégage comme raison de ce manque d’intérêt ? En dehors peut-être de se détourner de cette culture en faveur de productions/exploitations plus classiques. — Simon
Très grossièrement, la raison principale du manque d’intérêt telle qu’on nous l’a présentée serait que les insectes ne sont pas intéressants.
Au Japon, l’entomoculture ne serait ni une « tradition respectable » (c’est plutôt une pratique de paysan que de la noblesse ou de la bourgeoisie japonaise, contrairement à la très connue « cérémonie du thé » par exemple), ni une « modernité intégrée pour éviter le sort des autres pays d’Asie » (à savoir la colonisation par les nations européennes). Puisque le calque du Japon est historiquement l’Europe et qu’en Europe, on ne mange pas d’insectes, la « modernité » n’encouragerait pas la consommation d’insectes.
Cette explication est réductrice. Et peut-être fausse : une énorme baisse de consommation d’insectes a eu lieu après la fin de la seconde guerre mondiale, bien après l’ère Meiji. Mais c’est celle avec laquelle nous avons quitté le pays.
Je voudrais ajouter quelque chose à cette réponse. En fait, lorsque j’ai vu cette question pour la première fois, je l’ai mal lue et j’ai répondu complètement à côté ! Simon m’avait demandé « pourquoi les insectes sont dédaignés par les jeunes générations », et j’ai compris « que font les vieux pour intéresser les jeunes générations aux insectes. »
Nous avons rencontré des personnes aux activités très différentes ; dans un prochain article, je voudrais revenir sur les activités de trois d’entre elles. Basons-nous sur la vidéo et parlons de chaque personne séparément !
Nous vous avons présenté les habitants de Kushihara pratiquant la culture de la guêpe d’un côté, le traiteur monsieur Tsukahara d’un autre côté, et l’éditeur et promoteur de l’entomoculture monsieur Uchiyama d’un dernier côté.
Les habitants de Kushihara promeuvent leur activité en la pratiquant et en parlant d’entomoculture à leurs voisins, surtout aux nouveaux venus. Un hobbyiste n’est pas un lobbyiste ; se présenter comme éleveur de guêpes, répondre aux questions curieuses et se tenir prêt à aider des nouveaux à se lancer dans l’activité, c’est déjà un travail de promotion en soi.
Monsieur Tsukahara manque de main-d’œuvre pour récolter des insectes. Il fait ce que fait un employeur en manque de main-d’œuvre : il poste des petites annonces sur des sites de recrutement japonais. Sans oublier de préciser la rémunération, qui comme on vous l’a dit dans l’épisode est considérable pour du travail d’ouvrier agricole. Il a peu ou pas de réponses, ce qui peut être dû à beaucoup de choses, comme une baisse du nombre d’ouvriers agricoles en général, voire une baisse du nombre de jeunes japonais en général.
Quant à monsieur Uchiyama, bon, on vous a déjà dit dans la vidéo que c’était toute son activité, la promotion de l’entomoculture ! Entre publications dédiées, ateliers culinaires, rencontres… on peut dire qu’il accomplit un certain travail pour initier et inciter à la découverte de la gastronomie des insectes.
Voilà ! C’était un petit article pour répondre à la question d’un spectateur. N’hésitez pas à nous en poser d’autres si des informations vous ont manquées au cours de la vidéo ou après visionnage : nous y répondrons aussi bien que cette fois-ci.
C’est-à-dire en répondant à côté d’abord et en saisissant le prétexte pour en faire un article. 😀