Après un élevage de grillons à peu près végétariens et un autre de fourmis définitivement insectivores, nous avons visité un élevage d’une autre espèce qui, elle, mange quelque chose qu’on ne pourrait pas manger à sa place : le charançon dont les larves sont appelées vers de palme et dévorent du bois.
Des charançons rouges des palmiers, bestioles dont les couleurs sont naturellement l’orange et le noir, pondent leurs oeufs dans des espèces de palmiers qui poussent au bord des rivières de la région de Surat Thani.
En éclosent de grosses larves appelées vers de palme, qui mangent l’intérieur du tronc jusqu’à se métamorphoser en charançons rouges prêts à se reproduire pour redémarrer le cycle.
Traditionnellement, ces larves sont collectées dans la nature ; plus récemment, des agriculteurs ont commencé à les élever.
L’élevage
Nous avons visité l’élevage de New et Sang, deux agriculteurs de la région de Surat Thani qui ont développé avec les vers de palme une nouvelle activité pour leur exploitation jusque là basée sur le caoutchouc et le durian, deux produits dont les prix ont chuté ces dernières années.
Est-ce qu’élever des larves qui vivent dans des troncs d’arbres est compliqué ? Pas tellement.
La ferme utilise un ensemble de bassines empilables comme habitat pour les vers de palme. Puisqu’à l’état naturel les larves ne vivent pas à l’air libre et ne voyagent pas, ce petit espace sans lumière semble leur convenir.

Ensemble de bassines empilées. Chacune contient environ 200 larves issus de la ponte de 5 femelles.
Chacune de ces petites bassines est remplie de petits tronçons de palmiers locaux, leur nourriture à l’état sauvage à laquelle rien n’est ajouté. Un arbre entier coûte 300 baht (environ 8 euros) et permet de lancer environ un millier de bassines.
On ne touche au panier que deux fois au cours du cycle de vie des charançons, la première pour le lancer avec des charançons adultes et un stock de nourriture, la deuxième pour renouveler le stock de nourriture au bout d’une vingtaine de jours. Ce qui fait que les larves vivent assez vite dans un milieu de… nourriture transformée.
Ajoutons à ça que chaque panier est un petit batch séparé qui peut être lancé indépendamment des autres, ce qui est pratique pour décaler la production ! C’est un mode d’élevage plutôt inédit pour nous par la petite taille de chaque unité.
La technique fait des émules ! Une partie des revenus de l’exploitation vient de la vente des charançons adultes pour le démarrage d’autres fermes, chaque couple étant vendu 10 baht (environ 30 centimes d’euros) quand un kilo de larves est vendu 200 baht (un peu plus de 5 euros).

Adultes consignés dans une bassine dont ils ne ressortiront qu’après la ponte. Lancer un batch est aussi simple que ça !
La ferme produisant en plus de ça un peu plus de dix kilos de larves par jour, les affaires se portent bien !
Gastronomie, écologie et diététique
Le ver de palme, larve du charançon rouge des palmiers, héberge des bactéries dans son système digestif qui lui digèrent le bois en sucre avant qu’il ne transforme ce sucre en graisse.
Il y a plusieurs conséquences à tout ça.
Le ver de palme est plutôt riche en calories qu’en goût. C’est du beurre, de la crème, du foie gras, ce genre de goût et de texture. Il est gras, gras et encore gras, ce qui convient à une larve qui accumule des réserves d’énergie pour se transformer en insecte adulte (la métamorphose est un processus qui demande une certaine endurance).

GRAS.
Par chance, ce gras est surtout du « bon gras », celui qui ne fait pas exploser le cholestérol. Il n’en reste pas moins que sur le plan des calories, 100 grammes de vers de palme ne sont pas équivalents à 100 grammes de steak haché. Tout comme 100 grammes de criquets en fait ; « remplacer la viande par des insectes » n’est pas aussi facile.
Les bactéries intestinales du ver de palme transforment le bois en sucre en créant du méthane au passage. Le méthane est un de ces gaz à effet de serre qui font que l’élevage animal en général est pointé du doigt comme source du dérèglement climatique ; l’élevage d’insectes est parfois vendu comme une alternative clean à l’élevage de mammifères sur ce plan-là .
Néanmoins, le ver de palme crée plus de méthane que le grillon mais toujours moins que la vache, ce qui serait toujours ça de gagné dans le scénario hypothétique et improbable où tous les élevages de vaches seraient remplacés par des élevages de vers de palme.
Il y a autre chose que je voulais mettre en avant dans cet article, c’est que le ver de palme mange du bois, une ressource que nous, humains, ne pouvons pas manger. Nous ne serions donc pas en concurrence ! N’est-ce pas formidable ?
… C’était avant de découvrir que les sagoutiers, dont se nourrissent les charançons, sont parfaitement comestibles quand ils sont préparés de la bonne façon. C’était trop beau pour être vrai.
Au moins, c’est un végétal qui pousse vite.
En conclusion
Encore une fois, on a un exemple de culture des insectes qui fonctionne économiquement et qui a arrêté la chasse ou la cueillette des insectes dans le milieu naturel. Tout a l’air de bien se passer, et on est très contents pour l’économie locale et les producteurs.
Mais la modernisation de l’entomoculture en Thaïlande ne passe pas que par la transition de la chasse à l’élevage : on vous en parlera dans un prochain article.
C’est avec un vif intérêt qui je viens de lire cet article ; Je suis gabonais et je rêve de pouvoir élever des charançons de palmier. Pouvez-vous s’il vous plait me donner l’adresse pour une formation sur le tas ?
Cordialement,
Grégoire LOMBA
E-mail : gregoirelomba6@gmail.com
J’aimeJ’aime
Je suis madame KANASSA. Je fais dans la commercialisation de la nourriture bio de mon pays le Gabon. Je suis votre pays sur les élevages des larves des charançons. Car d’ici trois semaines je vais lancer mon élevage de larves. Aussi, je voudrais avoir votre appui sur le suivi de cette première phase de lancement. Comptant sur votre écoute. Merci de me répondre. Mme LOUMBA KANASSA
J’aimeJ’aime
Bonjour madame,
Merci beaucoup pour votre message, nous vous souhaitons bon courage pour le lancement de votre élevage de charançons ! Nous ne sommes malheureusement pas les mieux placés pour vous apporter de l’appui pour cette première phase, mais nous connaissons peut-être quelqu’un qui saura vous aider ; nous vous contacterons par mail pour vous en dire plus.
Encore tous nos voeux de réussite, nous espérons que le lancement de votre élevage se déroulera bien !
J’aimeJ’aime
Bonjour madame, j’habite en Europe, Suisse. Je désire élever vers de palmiers, foss, charançons de Thaïlande en grosse quantité. Si après un envoi je vois que les animaux arrivent comme il se doit, je suis disposé à vous en commander beaucoup plus et régulièrement, étant passionné par cette nouvelle alimentation saine et peu coûteuse et permettant de palier à de nombreux problèmes compte tenu des enjeux alimentaires mondiaux des prochaines décennies.
Veuillez agréer , Madame, mes meilleures salutations.
Mathieu Bessac (PS.: WhatsApp : +41787916897)
J’aimeJ’aime
Bonsoir.
Comment vous allez ?
Je ne sais comment commencer, car je suis toute émue. Juste vous dire merci car j’ai réussi mon élevage. Je me suis inspiré de votre vidéo sur l’élevage des larves de charançons en Thaïlande et j’ai utilisé les charançons du Gabon. Maintenant, je compte lancer mon élevage sereinement. Encore merci et j’espère que vous viendrez au Gabon lorsque mon élevage sera plus grand.
Bonne soirée.
Mme KANASSA Marie madeleine Stella.
Nb: je vous envoie les premières images et photos.
J’aimeJ’aime
Bonjour Madame,
Excellent, nous sommes ravis d’entendre ces très bonnes nouvelles ! Bon courage pour la suite, et nous penserons à vous écrire si nous passons par le Gabon un jour. Nous avons hâte de voir les premières photos !
Bonne soirée à vous,
Les Criquets Migrateurs
J’aimeJ’aime
Bonsoir. Je voudrai savoir comment vous transmettre les photos et les quelques vidéos déjà prises.
J’aimeJ’aime
Bonjour Mme KANASSA,
Je tiens dans un premier temps à vous féliciter pour vos prouesses réalisées pour le démarrage de votre ferme.
Je suis également passionné par l’entomoculture, et je souhaite démarrer un élevage tout comme.
Je vis à Libreville au Gabon, pourrions-nous davantage échanger afin de mener à terme mon projet?
très cordialement.
WANDJI Tchepkep Éric Joël
Tel : 02 95 06 32 ( ou 062 95 06 32)
E-mail : wandjijoel@yahoo.fr
J’aimeJ’aime
Bonjour,
Votre article est très très intéressent. peux-je avoir les techniques et le mode opératoire pour élever les charançons?
J’aimeJ’aime
Bonjour.
Je voudrais d’abord vous féliciter pour votre professionalité et vous remercier en même temps pour cet outil qui m’a été d’une très grande pédagogie. Vous avez une méthode toute particulière d’aborder globalement vos sujets. Et ce dernier a été particulierement intéressant.
Pourriez-vous me renseigner sur quelqu’un qui pourrait m’aider ou m’appuyer a mettre en place une exploitation des larves de palme (charançons) du type que je viens de voir dans votre vidéo sur la Thaïlande. Je voudrai spécialiser en partie ma ferme naissante dans ce type de production, dans le pur style du Royal Project, puisque j’y avais toujours penser sans trouver les informations et les outils nécessaires de formation necessaires. Et retenez mes coordonnées pour votre futur voyage en RDC où je compte bientôt me convertir en premier producteur à grande échelle de ces bestioles.
John Kuzimbikisa,-
+34615617079
J’aimeJ’aime
Bonjour, merci beaucoup pour votre message ! Nous sommes heureux que ces documentations vous aient été utiles. Nous pouvons effectivement vous envoyer des contacts – écrivez-nous à lescriquetsmigrateurs@gmail.com. Et entretemps, n’hésitez pas à venir faire un tour sur le groupe facebook d’élevage d’insectes : https://www.facebook.com/groups/elevagedinsectes Peut-être pourrez-vous y trouver des partenaires pour lancer votre projet. Merci pour vos coordonnées en tout cas, si un jour nous passons en RDC nous n’hésiterons pas à vous contacter ! Bonne continuation, et tenez-nous au courant de l’avancée de votre projet !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour votre prompte réaction qui témoigne, à n’en point douter, de votre niveau de professionalité. Merci encore pour toutes les autres coordonnées que vous m’avez fourni in box. Elles me seront res précieuses pour mon projet. Vous pourriez aussi partager mes coordonnées, le cas échéant, à ceux qui s’intéresseraient à ce type d’expériences.
Bien sûr que je vous tiendrai au courant de l’évolution de mon aventure avec les insectes. Quant à vous, continuez de nous inspirer comme vous l’avez fait jusqu’à présent. De belles aventures !
J’aimeJ’aime
Bonjour
Je viens de tomber sur votre article, et je suis tellement ému , car je suis un passionné de l élevage de charançon de palmier. J ai tenté plusieurs fois cet élevage mais j ai toujours échoué, parce que je n ai pas connaissance appropriée en la matière. S il vous plait, si vous pouvez m aider à acquérir de connaissance appropriée sur cet élevage.
Merci d avance pour cet article et votre disponibilité à me répondre
J’aimeJ’aime